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Vidéobar #82, Vidéoformes

 

Manatee.

16.10.20

 

Fleuve d'Amérique ou gros mammifères aquatiques, le Manatee est ici un assemblage d'images ou de séquences vidéographiques collectées sur le net ou créées et réunies en plusieurs films. Flux où s'unissent et se désunissent des histoires impromptues... étranges même, pourrait-on dire, monstrueuses. Car il s'agit bien de cela; mostrare: montrer. Et ce n'est pas si simple, avoir la pudeur de l'impudeur n'est pas évident. Arriver à percevoir non plus, percer-le-voir ne se fait pas sans douleur, sans gravité.

 

Voilà, c'est dit. Le clinquant, l'usage des références cinématographiques, de musiques entrainantes ou sombres est un leurre efficace pour détourner le regard. Emilie Richelet ne s'est pas contentée de «réaliser» un film, de le montrer en un triptyque vidéographique. Elle est venue s'exposer à un espace, celui de la Chapelle de l'Oratoire. Bon sang! Il va sans dire; «oratoire», lieu de témoignage, de la plaidoirie, de la prière, autant dire celui où se reconstitue, se défend, s'espère.

 

Loin de la douceur sucrée des apparences, des artifices masqués de pratiques éculées à n'être que le reflet d'elles-mêmes, Emilie Richelet s'investit sans économie avec la grâce des bains de minuit, ceux où l'horizon noir pétrole devient une promesse de bonheur.

 

 

Martial Déflacieux